Récurrences
6.28.2012
Alice Jarry, en collaboration avec Christian Pelletier
Récurrences
7 au 29 juillet 2012
Vernissage : 12 juillet 18h
Du
7 au 29 juillet 2012, Espace Projet présente une exposition d’Alice Jarry en
collaboration avec Christian Pelletier. L'installation, qui allie sérigraphie
et électronique, explore le rôle de l'outil et du geste imprimé comme seuil d'émergence
d'une singularité à priori imperceptible à l'échelle papier. Une raclette électronique récolte des
données d'impression telles que la position et l'inclinaison de l'outil, la
pression variable du corps et des mains, les répétitions de mouvements et la
durée d'impression. Ces données sont ensuite transformées par programmation
afin de générer des formes et des animations qui dans un processus itératif, sont réimprimées et projetées sur les
surfaces. L’exposition comprends des œuvres sur papier et des projections
interactives opérées par la manipulation de la raclette. En jouant sur un mode
de fonctionnement qui redéfinit le procédé de la technique, le projet déploie
des systèmes de représentation du geste imprimé et aborde la sérigraphie comme un processus
d’accumulation et de transfert des matérialités en corrélation.
Une
activité de médiation culturelle aura le samedi 14 juillet à 14h. Les gens sont
invités à venir assister à une conférence en compagnie des deux collaborateurs
qui nous expliquerons leurs parcours, leurs pratiques et leurs méthodes de
travail. Ensuite, un atelier de sérigraphie aura lieu avec Alice Jarry.
Récurrences
Récurrences
Alice Jarry pense la sérigraphie moins comme un processus
d’impression que comme la superposition, l’assemblage, l’accumulation de formes
et de motifs, comme un travail modulaire de l’espace du papier. Elle a
l’habitude de concevoir des pièces uniques, elle ne fait pas d’éditions, créant
plutôt des œuvres singulières qui reprennent parfois des motifs ou des images
semblables, qui se déclinent sous des formats ou supports divers. Déjà, ce
processus semble contraire à l’idée même de la sérigraphie qui permet la
reproduction d’une œuvre sur papier souvent en plusieurs exemplaires. Elle
s’intéresse depuis longtemps aux relations entre les systèmes analogiques et
numériques. Ses récentes expérimentations interrogent justement les limites du
procédé sérigraphique dans la composition d’une œuvre singulière, ou ses
possibilités, en utilisant l’électronique pour en étudier la mécanique. Alice
questionne le caractère séquentiel du processus tout en en déployant les
formes, révélant le geste en débordant du cadre. Les sérigraphies sont mises en
espace comme des installations. Elle explore comment le support, l’encre et
l’acte d’impression peuvent trouver résonnance à travers l’interactivité, le
spectateur et l’espace de la galerie en créant de nouveaux assemblages, de
nouvelles relations.
Le projet Récurrences a été développé en collaboration
avec Christian Pelletier. Ingénieur de formation, il travaille présentement à
titre de concepteur matériel FPGA. Intéressé par les télécommunications et les algorithmes associés à
la théorie de l'information, ses recherches portent sur les notions de complexité et de non-linéarité
à l'intérieur de systèmes adaptatifs.
Ses intérêts touchent à la réfraction et la
transformation en boucle de l'information visuelle et sonore lors de
l'interaction entre les différentes composantes d'un système et de son
environnement.
Ici la raclette d’impression permet d’amasser des données à
l’aide de capteurs. Elle n’est plus un outil inerte, mais devient une interface
entre le corps et la surface. Justement, comme ce processus sert normalement à
imprimer une image en plusieurs exemplaires, le plus précisément possible, le
geste peut paraître régulier. Par contre, lorsque la raclette récolte les données
on se rend compte que l’inclinaison n’est pas toujours la même, que la pression
diffère à chaque mouvement, selon la fatigue du corps ou le nombre de répétitions.
Le geste révèle alors ses particularités. En décortiquant ainsi le mouvement,
on transfert les données desquelles on peut composer des formes, des animations
génératives selon les regroupements qui sont faits. Cela devient la base à des
projections puis, à de nouvelles sérigraphies qui sont en quelque sorte autoréférentielles
; le geste devient l’image. Les transferts de données d’un outil à l’autre, du
manuel à l’électronique, génèrent des formes uniques aléatoires et recomposées.
Le geste est amplifié, la sérigraphie devient cinétique.
Cette nouvelle structure relève le caractère singulier de
chaque mouvement et établi un questionnement sur les différents transferts ;
leur passage à une normalisation et les nouvelles formes qui en émergent. Ce
processus crée des relations entre les techniques, oppose leurs caractères,
mais aussi entre les matières : le geste se transforme pour retrouver
sa forme initiale, la sérigraphie, les échanges de données passent en boucle
d’une forme à une autre. Les structures des œuvres sont donc construites à la
fois par l’accumulation des données, la mobilité des matérialités et le
transfert de gestes.
Le caractère interactif de cette exposition propose aux
spectateurs de jouer avec les images qui sont générées par leurs mouvements,
par leurs gestes sérigraphiques et qui sont transformées en animations.
L’utilisation de l’ordinateur fait ricochet à la mécanique du geste, il
s’emploie en contradiction avec l’idée de décortiquer le mouvement pour en
faire émerger une singularité, mais est nécessaire dans le processus.
Texte: Catherine Barnabé
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